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Décret arts de la scène: des avis très divergents

Le secteur des arts vivants rejette majoritairement le texte, le secteur de la musique l’approuve. Le projet de décret sera révisé, mais il poursuivra son chemin.


Roméo Elvis en concert. Il semble que, cette année, en chambres de concertation, la voix de la scène musicale portera davantage que celle des arts vivants. - Courbe.


Journaliste au service CulturePar Alain LallemandPublié le 13/04/2022 à 19:17Temps de lecture: 4 min


La situation est inédite : alors que le cabinet de la ministre de la Culture Bénédicte Linard (Ecolo) travaillait depuis l’an dernier sur un avant-projet de décret des arts de la scène, les chambres de concertation (« arts vivants » et « musiques ») appelées à émettre un avis sur ce texte ont rendu ces samedi et mardi des avis nettement divergents. Dans la chambre de concertation « musiques », où siègent les 14 fédérations du secteur, l’avis est unanimement positif et fait deux pages. Dans la chambre de concertation des « arts vivants », où siègent les 20 fédérations de cet autre secteur, l’avis est majoritairement critique (Le Soir du 5 avril), à ce point critique que les fédérations contestataires ont réécrit l’ensemble du projet de décret et transmis à la ministre un avis long de… 81 pages.

Un texte réécrit

Que deux avis soient divergents n’est pas un problème : ils sont destinés à éclairer le pouvoir politique, les deux secteurs sont partiellement concurrents, la multiplicité des voix ne peut pas nuire. Par contre, c’est la première fois, à notre connaissance, que dans l’une des instances, un projet de texte législatif est mis en charpie, réécrit, gommé, restructuré. Cette initiative a été largement approuvée (9 voix contre 2 et cinq abstentions), elle pose pourtant la question des équilibres de concertation : dans quelle mesure une chambre de concertation peut-elle aller jusqu’à réécrire un projet de décret, ce que certains perçoivent comme une façon de « se substituer au pouvoir législatif » ?
Le procédé est en tout cas rafraîchissant. L’administration générale de la culture, qui encadre le processus de nouvelle gouvernance, est parvenue à synthétiser les litiges, décanter ce qu’étaient les points intéressants de l’avis positif « musiques », les points intéressants et constructifs de l’avis majoritairement réservé des « arts vivants » et proposé à la ministre de ne pas lâcher prise sur plusieurs lignes de force de son projet, tout en acceptant de modifier le texte sur des points de frictions où, visiblement, la fronde des arts vivants était légitime. En somme un bel exercice de démocratie participative.
Un exemple concret de divergence : dans le nouveau décret, la ministre élargit les arts de la scène en listant les « domaines » qui les composent. Y apparaissent désormais « les marionnettes, le théâtre d’objets et arts associés » ainsi que « les spectacles d’humour, en ce compris le stand-up ». L’improvisation, pour sa part, est intégrée dans le domaine de « l’art dramatique ». La chambre « arts vivants » ne conteste pas l’élargissement : elle demande à ce que la liste des « domaines » reste essentiellement inchangée, mais que le décret stipule que « ces domaines comprennent notamment les formes d’expression artistiques » que sont les marionnettes, l’impro, l’humour, etc. Une manière intelligente d’éviter la multiplication des « domaines ». Pour l’administration, c’est bien vu.
Mais les « arts vivants », dans la mesure où ils n’auraient pas suffisamment tenu compte des impératifs du secteur « musiques », ne seront probablement pas suivis sur leur volonté de modifier d’autres points. Par exemple, rendre cumulables les différents types de bourses, aides, contrats, contrats-programmes : là, c’est l’avis favorable de la chambre « musiques » qui semble l’emporter, dans une lecture globale des arts de la scène qui sera plus favorable au secteur musical, « en particulier les opérateurs-trices de petite ou moyenne taille ».

Quel calendrier ?

Toute cette tension s’inscrit dans un agenda déjà passablement serré pour les opérateurs des arts de la scène. Ils doivent déposer d’ici sept mois leurs candidatures pour un contrat-programme, et les remous autour du texte ne vont pas accélérer l’adoption des normes décrétales effectives qui permettront de déposer valablement ces candidatures.
Sur le calendrier, le cabinet Linard est rassurant : il va « analyser de façon détaillée » les avis, « améliorer notre texte, notamment en collaboration avec les chambres d’avis, avec lesquelles le rendez-vous est d’ailleurs déjà pris » et la suite de l’agenda est connue : seconde lecture au gouvernement « dans les semaines qui viennent », examen par le Conseil d’État puis par le parlement FWB.

L’administration est elle aussi rassurante : parce que le texte décrétale est toujours en chantier à l’heure actuelle, les opérateurs bénéficieront de séances d’information à Charleroi-Danses le 16 mai, au Varia les 19-20 mai, à la Caserne Fonck à Liège le 24 mai. Comme promis, un vade-mecum sera publié et diffusé à la même période.

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